Assassinat du curé d’Hénouville – 21 Octobre 1792

Mai 04 2005 Published by under Des citoyens, Révolution

(Extraits du registre des délibérations, enregistrements et autres actes)

L’an 1792, premier de la république française, le dimanche vingt un Octobre, viron onze heures du soir, au bruit des cloches sonnant le tocsin, nous maire de la commune de Hénouville, d’après les cris de plusieurs personnes criant que le citoyen Jean Rousselin curé de cette paroisse venait d’être assassiné, nous sommes promptement transporté au presbytère ou nous avons trouvé le citoyen Pierre Jacques Esprit Leroux vicaire de Hénouville notre secrétaire et un grand nombre d’habitants de cette paroisse plongés dans la désolation.

Arrivés près du citoyen curé, nous l’avons aperçu dans un état de stupeur qui faisait craindre pour ses jours, baigné de sang, ayant reçu un grand nombre de coups faits avec instruments tranchant à la tête et à la main droite dudit citoyen curé qui a le doigt index de cette main totalement coupé.

Pendant que les assistants donnaient au malade les secours que son état exigeait, nous nous sommes informés tant à demoiselle Marie Anne Charlotte Rousselin, sa soeur, que Charles Moulin son domestique, comment était arrivé un si terrible événement où ils nous auraient dit que le même soir sur les 10 heures lorque le sieur curé accompagné de son domestique portaient des breuvages à sa vache malade depuis plus de 8 jours, ils ont été assaillis sur le seuil même de la porte par une troupe de brigands dont plusieurs se sont jetés sur ledit sieur curé, l’ont frappé à coups de sabres et de bâtons et entrainé dans sa cuisine où, pour l’étouffer, ils lui ont jetté sur la tête et serré autour du col une grande quantité de linge mouillé qui par hazard étaient dans un bacquet. Deux autres s’étant saisi du domestique, l’ont entrainé dans ladite cuisine lui ont bandé les yeux, lié les pieds et les mains et l’ont attaché à une chaise, d’autres s’étant jetté sur la soeur dudit sieur curé en disant qu’ils étaient des aristocrates qu’il fallait exterminer, lui ont jeté un tablier sur le visage, l’ont jetée par terre, lié les mains et les pieds et pris sa montre à boite d’or, une tabatière d’or carré long ainsi que les clefs des chambres. Montés à plusieurs en haut et ne pouvant ouvrir les portes, ils sont redescendus et menacaient ladite demoiselle Rousselin de la tuer lorqu’elle les a priés de ne faire de mal à personne, qu’elle allait leur donner tout ce qu’ils voudraient et alors ces scélérats lui ayant délié les jambes, l’ont conduite dans la grande où, sur les indices qu’elle leur a donnés, ils ont pris 53 à 60 louis d’or le haut d’une armoire, deux mille et quelques cents livres en écus de six livres cachés dans l’embrasure de la croisée; parvenus dans la chambre dudit sieur curé, ils ont dans son bureau trois mille et quelques cents livres tant dans un portefeuille que dans plusieurs bourses, ont pris un portefeuille de maroquin rouge, plusieurs feuilles de papier à écrire et une aiguille d’argent pour écrire et fermant à clef, ont pris une bourse de daim, ils ont pris 12 couverts d’argent, 2 cuillers à ragoût, une cuiller à soupe en forme de cuiller à pot, 6 cuillers à café et une grande nappe grise pour leur servir à enveloper les effets. Ouverture faite par lesdits voleurs d’une autre armoire aussi dans la même chambre, ils y ont la même chambre, ils y ont vu et pris tous les vases de cette église consistant en une grande croix d’argent pour processions, un ostensoir d’argent doré, un grand calice, deux burettes, un ciboire, après lesquels lesdits voleurs auraient reconduit ladite demoiselle Rousselin dans la cuisine l’auraient liée attachée à un fauteuil et se seraient enfuis. A déclaré la demoiselle ne connaître aucun des voleurs, sait seulement qu’il y en avait un de taille petite, que deux avaient le visage noirci, qu’un troisième avait le visage voilé d’un mouchoir, un quatrième ses cheveux rabattus sur son visage, que les deux ou trois autres avaient le visage découvert.

D’après les renseignements nous avons fait battre la générale, assemblé les gardes nationales de cette commune que nous avons envoyé à la poursuite des brigands, avons fait et fait écrire à la municipalité de Rouen au citoyen d’Ornay, juge de paix de ce canton, pour qu’il vint sur les lieux dresser procès-verbal du délit, et aux municipalités voisines pour les inviter à donner tous les renseignement possibles; à quoi nous avons été aidé par le procureur de la commune survenu pendant les opérations ci dessus et il a été convenu que le conseil général de la commune sera averti de s’assemblée dimanche prochain 28 de ce mois pour présenter requête au district de Rouen aux fins d’obtenir les vases sacrés absolument nécessaires pour la célébration du service divin dans cette paroisse.

signé: Thomas Boulenger, maire.

No responses yet

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.