Les colombiers d’Hénouville

Mai 04 2005 Published by under Abbé Legendre, Patrimoine

Sous l’Ancien Régime, le droit de colombier autorisait les seigneurs à faire construire un colombier dans leur domaine.

Chaque colombier peut contenir jusqu’à 2 à 3000 pigeons. Ceux-ci fournissent de la viande aux périodes délicates de l’année. Ils ont également l’avantage de se reproduire vite et fournissent chacun 2 à 3 kg d’engrais par an.

Ce privilège sera toujours très contesté en raison des dégâts considérables provoqués par les pigeons sur le grain à l’époque des semailles et des récoltes. En 1789, dans le cahier de doléances de la paroisse d’Hénouville, les habitants demandent l’extinction des colombiers, ou qu’ils soyent renfermés dans les semailles, avant et pendant les récoltes, qui sont les mois de mars, avril, juillet, aoust et octobre. Ce droit sera aboli dans la nuit du 4 Août 1789. Le colombier, symbole du fief et de l’autorité seigneuriale, occupe souvent la place d’honneur dans la cour. Il est de taille considérable et présente parfois un décor original. Les plus beaux spécimens dans notre région sont ceux du manoir des abbesses de Saint-Amand à Moos et du manoir d’Ango à Varengeville-sur-Mer. Sur les cinq colombiers que comptait Hénouville, seuls deux subsistent encore aujourd’hui.

Le colombier du presbytère

Le colombier du presbytere

L’abbé commanditaire de l’abbaye Saint-Georges de Boscherville, Louis François de Bassompière, concéda au célèbre curé d’Hénouville Antoine Legendre le 15 janvier 1630 le droit de colombier, à charge de bâtir ledit colombier sur le lieu presbytéral et de payer deux pigeons blancs de rente foncière estimée à cinq sous, le jour de la Saint Michel.

Dans le poème sur le presbytère d’Hénouville publié en 1642 et attibué à Antoine Corneille, le poète entrant dans le jardin s’émerveille de ce que:

L’ouverture de front présente un colombier, Dont la fécondité prodigue son gibier.

L’édifice bien conservé est de plan carré. Il est de même style et de même époque que le presbytère. Le larmier saillant à mi-hauteur que l’on retrouve sur la plupart des colombiers avait pour fonctions d’empêcher les petits rongeurs de pénétrer et de protéger la base des murs du ruissellement de l’eau de pluie.

Le colombier du château du Hamel

Le colombier du Hamel

Le colombier du Hamel
Le château du Hamel fut construit au XVIIe siècle pour Jean Richomme, seigneur d’Hénouville.

Le colombier est un colombier carré en moellons avec chaînages de pierre aux arêtes. Il est du type bifonctionnel: dans la partie basse deux jolies portes de pierre ouvrent sur deux caveaux; seule la partie supérieure, autrefois accessible par une échelle, étant à usage de colombier. La lucarne d’envol se trouve du côté opposé à la porte. Les boulins (niches des pigeons), sans doute en brique ou en pisé, ont disparu. La toiture en tuiles en mauvais état laisse prévoir une ruine prochaine.

Le colombier du château du Bellay
Celui-ci a disparu tout comme le château démoli en 1902. Il fut sans doute érigé au XVIIe siècle pour Jean du Resnel, conseiller du Roi et contrôleur des finances en la généralité de Rouen.

Le colombier du « manoir » près de l’église
Celui-ci est cité dans un acte de 1788.

Le colombier du château du Mesnil-Ribault
Dans le bas d’Hénouville, il était le plus ancien. Louis du Bosc, seigneur d’Emendreville (l’actuel quartier Saint-Sever à Rouen), du Mesnil-Saint-Georges et de Fleury -sur-Andelle a droit de colombier à pied en 1518.

Sa présence ne devait pas être du goût du voisinage car en 1718, Jacques Ribault, seigneur du Mesnil, se plaint que des particuliers se sont donnés la liberté de tuer les pigeons du colombier à coup de fusil par plusieurs et diverses fois, en sorte que lesdits quidams l’ont entièrement dépeuplé.

Ce colombier était de forme hexagonale, avec des côtés de quatre mètres de long, construit en moellons avec chaînage de pierre et couverture en paille. Il figure encore sur le plan cadastral de 1828 mais a disparu depuis.

Arnaud Serander – Janvier 1996

One response so far

  • hariot lassiva dit :

    Suis vivement interressé par des détails sur les pigeonniers d’hénouville.
    Nombres de boulins, existence de structure interieure et quelques photos de ces specimens (interieur et exterieur) D’avance je vous en remercie

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