Hénouville sous la révolution

Mai 05 2005 Published by under Des citoyens, Révolution

Un des évènements les plus marquants de la révolution à Hénouville est l’assassinat de son curé, Jean Rousselin. Le vicaire d’alors, Pierre Jacques Esprit Leroux, relata les faits:

« L’an 1792, premier de la république française, le dimanche vingt un octobre, viron onze heures du soir, au bruit des cloches sonnant le tocsin, nous maire de la commune de Hénouville, d’après les cris de plusieurs personnes que le citoïen Jean Rousselin curé de cette paroisse venait d’être assassiné, nous sommes promptement transportés au presbitère où nous avons trouvé le citoien Pierre Jacques Esprit Leroux, vicaire de Hénouville, notre secrétaire, et un grand nombre d’habitants de cette paroisse, plongés dans la désolation; arrivés près du citoïen curé, nous l’avons apperçu dans un état de stupeur qui faisait craindre pour ses jours, baigné de sang, ayant reçu un grand nombre de coups fait avec instruments tranchants à la tête et à la main droite dudit citoïen curé qui a le doigt index de cette main totalement coupé. Pendant que les assistants donnaient au malade les secours que son état exigeait, nous nous sommes informés tant à demoiselle Marie Anne Charlotte Rousselin, sa soeur, que Charles Moulin, son domestique, comment était arrivé un si terrible évènement, et ils nous auraient dit que le même soir sur les dix heures lorsque le sieur curé accompagné de son domestique portaient des breuvages à sa vache malade depuis plus de huit jours, ils ont été assaillis sur le seuil même de la porte par une troupe de brigands dont plusieurs se sont jettés sur ledit sieur curé, l’ont frappé a coups de sabre et de baton et entrainé dans sa cuisine où, pour l’étouffer, ils lui ont jetté sur la tête et serré autour du col une grande quantité de linge mouillé qui par hazard étaient dans un bacquet. Deux autres s’étant saisis du domestique, l’ont entrainé dans laditte cuisine, lui ont bandé les yeux, lié les pieds et les mains et l’ont attaché à une chaise, d’autres s’étant jettés sur la soeur dudit sieur curé en disant qu’ils étaient des aristocrates qu’il fallait exterminer, lui ont jetté un tablier sur le visage, l’ont jettée par terre, lié les mains et les pieds et pris sa montre a boête d’or, une tabattière d’or carré long ainsi que les clefs des chambres. Montés à plusieurs en haut et ne pouvant ouvrir les portes, ils sont redescendus et menacaient ladite demoiselle Rousselin de la tuer lorsqu’elle les a priés de ne faire de mal à personne, qu’elle allait leur donner tout ce qu’ils voudraient et alors ces scélérats lui ayant délié les jambes, l’ont conduite dans la grande chambre. »

Sur les indices qu’elle leur donna, ils s’emparèrent de leur argent ainsi que des vases sacrés de l’église qui étaient dans des armoires.

« Après lesquels vols lesdits voleurs auraient reconduit laditte demoiselle rousselin dans la cuisine, l’auraient liée attachée à un fauteuil et se seraient enfuis. A déclaré la demoiselle ne connaitre aucuns des voleurs, scait seulement qu’il y en avait un de taille petite, que deux avaient le visage noirci, qu’un troisième avait le visage voilé d’un mouchoir, un quatrième ses cheveux rabattus sur son visage, que les deux ou trois autres avaient le visage découvert. D’après les renseignements nous avons fait battre la généralle, assemblé les gardes nationales de cette commune que nous avons envoié à la poursuite des brigands. »

Jean Rousselin, curé d’Hénouville depuis 1756, décéda le 31 octobre des suites de ses blessures, âgé de 67 ans.

Le 18 novembre, plusieurs citoyens se plaignirent au maire que, depuis l’assassinat du citoyen Rousselin, « ils faisaient rencontre journellement dans les bois de cette commune de personnes inconnues qui paraissaient être des brigants puisque plusieurs citoyens se sont trouvés arrêtés par eux ».

Une garde de douze hommes pris indistinctement parmi tous les citoyens fut instaurée chaque nuit, jusqu’à ce que tous les dangers dont la paroisse était menacée disparaissent.

Quand à Pierre Jacques Esprit Leroux qui succéda à Jean Rousselin à la cure d’Hénouville, il fut emprisonné en 1796 au couvent de Saint-Yon à Rouen en tant que prêtre réfractaire.

Arnaud Serander – Janvier 1996
http://perso.club-internet.fr/serander/

[Voir les extraits originaux du registre des délibérations]

One response so far

  • derouard dit :

    je cherche à joindre arnaud serander pour lui envoyer un document d’archives sur Hénouville.
    merci
    jean pierrre derouard

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